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Les chenilles processionnaires du pin sont de retour : ce qu'il faut savoir

Comme chaque année, les chenilles processionnaires du pin sont de retour.

Présente naturellement autour du bassin méditerranéen, cette espèce assure un rôle important dans l’équilibre des écosystèmes.
Les démangeaisons et irritations
que le contact avec ses poils urticants peut provoquer sont cependant source d’inquiétude. Les animaux domestiques et les jeunes enfants peuvent notamment y être sensibles.

 

Apprenez à les connaître et adoptez les bons gestes !

Au cours de son développement, la chenille processionnaire se dote de poils très légers et fragiles qui se détachent facilement dès que la chenille est inquiétée ou excitée. Emportés par le vent, ils peuvent se déposer sur la peau. À son contact, le poil se brise et dégage une protéine urticante et allergisante qui se libère dans l’organisme provoquant des irritations.

Les animaux domestiques (chiens, chats) sont les premières victimes de cette contamination.
Au contact des chenilles, mortes ou vivantes, les conséquences peuvent aller de l’inflammation jusqu’à des nécroses sur toute la région buccale.
Les conséquences sur l’homme sont généralement moins graves. Une exposition aux poils urticants se traduit la plupart du temps par des démangeaisons accompagnées de boutons qui disparaissent au bout de deux ou trois jours.
 

Les bons gestes à adopter

En février et mars, quelques bons gestes permettent d’éviter tout désagrément :

  • Évitez les lieux où les nids sont abondants.
  • Ne touchez pas et n’écrasez pas les chenilles, même mortes.
  • Ne cherchez pas à détruire vous-même, ni à manipuler les branches porteuses de nids. Les risques de brûlures graves sont importants.
  • Ne vous risquez pas dans les bois infestés par jour de vent. Les poils urticants peuvent être emportés dans l’air ambiant.
  • En cas de contact avec la peau, rincez abondamment. Ne pas boire pour éviter l’ingestion de poils.
  • Soyez vigilant avec les jeunes enfants dans les espaces boisés (parcs, jardins, espaces naturels). Les chenilles peuvent attiser leur curiosité. En cas de contact avec la peau, vous pouvez consulter votre pédiatre qui pourra vous prescrire de quoi soulager les démangeaisons.
  • Tenez votre chien en laisse. Rendez-vous au plus vite chez le vétérinaire en cas d’inflammation de votre animal au niveau de la gueule. Rincez les zones concernées en cas de brûlure mais surtout ne pas faire boire pour éviter l’ingestion des poils.

 

Des solutions pour limiter l’impact sanitaire en ville sans altérer l’équilibre écologique des zones naturelles

La chenille processionnaire a toute sa place dans l’écosystème méditerranéen. De ce fait, aucune mesure spécifique n’est prise à l’intérieur des espaces naturels.

En ville, l’espèce participe également aux équilibres de la biodiversité urbaine. Néanmoins et compte tenu des nuisances et risques sanitaires potentiels, les propriétaires publics ou privés et les collectivités interviennent pour réguler les populations de chenilles processionnaires. Les interventions se concentrent notamment sur les parcs, les jardins publics, les cours d’école et tout autre site urbain arboré de pins.

Les techniques d’intervention les moins nocives sur la biodiversité urbaine et la santé humaine sont :

  • le ramassage manuel des nids par des professionnels dont l’équipement et l’expertise leur permettent d’éviter tout contact avec la peau et les voies respiratoires ;
  • la mise en place d’écopièges – dont les sacs remplis de terre sont fixés sur les troncs de pins – collecte les chenilles sur le tronc à leur descente vers le sol ;
  • l’installation de pièges à phéromones, qui attirent les papillons mâles afin de limiter les formations de nids ;
  • l’installation de nichoirs à mésanges, prédateurs natures des chenilles processionnaires, qui contribue à limiter naturellement le nombre de chenilles.

 

Une année à chenilles ?

Les chenilles processionnaires sont de sortie chaque année. Certaines années sont cependant marquées par des pics de développement. Ce phénomène naturel s’observe chez de nombreuses espèces d’insectes, en règle générale tous les neuf ans. Les nombreuses observations réalisées ces dernières semaines laissent à penser que 2024 pourrait être une année de pic.


La processionnaire du pin : un maillon essentiel pour la biodiversité et l’équilibre écologique des zones naturelles

La chenille processionnaire est la larve d’un papillon de nuit gris brunâtre marbré, le Thaumetopoea pityocampa.
À la belle saison, entre juin et septembre, la femelle papillon, qui représente la forme "adulte" de la chenille, vient pondre environ 300 oeufs rangés en parallèle autour des aiguilles de pin. Cinq à six semaines après la ponte, l’éclosion donne naissance à de petites chenilles encore fragiles et très sensibles aux pics de température (chaud ou froid). Elles vont alors tisser collectivement un nid d’hivernage pouvant atteindre 20 cm, qu’elles ne quitteront que la nuit venue pour se nourrir des aiguilles.

Au printemps, on peut observer les chenilles quitter l’arbre et se déplacer en file indienne, en "procession".
Elles s’enfouissent ensuite à quelques centimètres sous terre pour faire leur cocon et se nymphoser, c’est-à-dire, après un stade de chrysalide, se transformer en adulte papillon qui émergera directement du sol.

Ces chenilles ont un réel intérêt pour la nature : de nombreuses espèces se développent uniquement dans leurs nids qui constituent alors un véritable micro-écosystème (coléoptères remarquables, araignées).
Certaines espèces de micro-guêpes ou mouches parasites ont besoin des chenilles ou de leurs oeufs pour accomplir leur développement.
Pour d’autres comme les chiroptères, les oiseaux (mésanges, engoulevents d’Europe) ou les insectes (Éphippigère dit Tizi dans le Midi), elles représentent une importante ressource alimentaire.

Pour ces raisons, la conservation de cette espèce est indispensable au maintien de la biodiversité et des équilibres écologiques.

Contrairement aux préjugés, les pins complètement défoliés par les attaques de chenilles ne meurent pas. Ils sont capables de supporter cette attaque. Les arbres récupèrent en quelques mois si leurs conditions de croissance sont satisfaisantes.

Pour préserver la biodiversité de ses espaces naturels, tout en garantissant la sécurité sanitaire de la population, la Ville de Marseille intervient manuellement, seulement pour les nids situés à proximité immédiate des cheminements piétons et à proximité des lieux accueillant du public comme les écoles.
Aucun traitement phytosanitaire n'est utilisé. Les processus naturels de régulation sont préférés.

Comme le soulignent également les responsables du Parc national des Calanques, la question de la régulation de l’espèce en coeur de parc ne peut s’envisager que de manière ciblée, uniquement quand des risques de nuisance sont identifiés dans des secteurs à forte fréquentation.

 

Ces informations vous sont apportées conjointement par la Ville de Marseille et le Parc national des Calanques.