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Charte de Florence : la Ville de Marseille s’engage pour la coopération entre villes méditerranéennes

Le Maire de Marseille Benoît Payan a signé, ce samedi 26 février, la charte de Florence, destinée à renforcer le dialogue et la coopération des villes méditerranéennes.


Cette charte a été élaborée lors de la conférence internationale des maires de la Méditerranée, qui se tient jusqu’à demain en Italie, réunissant 100 maires et plus de 200 délégués des pays méditerranéens.

L'objectif de ce sommet est d’attirer l'attention sur l'espace méditerranéen à travers les échanges entre ses principales villes, dont Athènes, Naples, Sarajevo, Istanbul, Tunis, Barcelone, Jérusalem, Beyrouth ou encore Rome en favorisant et en promouvant les actions de soutien à la coopération et à la paix.

Grâce à cette charte, les maires des communes signataires s’unissent pour faire face aux nombreux défis à relever : conflits, flux migratoire, pauvreté, accès à l’éducation pour tous ou encore réchauffement climatique.

C’est précisément dans cette optique que la Ville de Marseille a candidaté à l’ambitieux programme “100 villes européennes neutres pour le climat en 2030”.

Et c’est dans ce même objectif de préservation de l’environnement que 25 maires du pourtour méditerranéen ont signé, à l'initiative du Maire de Marseille, une tribune pour réclamer la création d'une zone de réglementation des émissions de polluants atmosphériques (ECA) en mer Méditerranée.

 

La charte de Florence appelle les gouvernements concernés à consulter régulièrement les autorités locales et les institutions culturelles afin de les placer au cœur des décisions impactant l’avenir des citoyens européens.

 

Extrait de la déclaration du Maire de Marseille

"Cet engagement commun avec mes homologues méditerranéens prend un sens tout particulier compte tenu de la guerre en Ukraine, a affirmé Benoît Payant. Carrefour des cultures d’Europe, d’Afrique et d’Asie occidentale, la Méditerranée doit jouer un rôle majeur dans le maintien de la paix et le développement des nations grâce à la coopération et au dialogue entre ses villes. Marseille, ville d’accueil et fraternelle, pont entre l'Europe et la Méditerranée, prend toute sa place dans ce dialogue renforcé, a souligné le Maire de la cité phocéenne. Les villes vivent en paix, et pour la paix, elles sont au cœur de la transition écologique, des solidarités et de la démocratie et nous voulons y prendre toute notre part pour construire l'avenir, avec les Marseillais”, a-t-il insisté.

La Charte de Florence

 

Les évêques catholiques et maires des Villes méditerranéennes, réunis à Florence,

  • inspirés par l'héritage de Giorgio La Pira, l'ancien Maire de Florence, qui déjà dans les années 50, a promu le dialogue interculturel et interreligieux entre les villes, et en particulier entre les villes méditerranéennes ;

  • conscients que la Méditerranée a été historiquement le carrefour des cultures d'Europe et d'Asie occidentale, des hémisphères Nord et Sud et qu'elle peut à nouveau jouer un rôle crucial dans la paix et le développement des nations grâce à la coopération entre ses villes et ses communautés religieuses ;

  • unis dans la conviction que la Méditerranée ne peut et ne veut pas être le lieu d'un conflit entre des forces extérieures ;

  • guidés par une aspiration commune à mettre la personne humaine au centre du programme international en poursuivant la paix, en protégeant la planète, en garantissant la prospérité, en promouvant le respect et la dignité des droits fondamentaux de chaque individu, également par la mise en œuvre de l'Agenda 2030 et de l’accord de Paris sur le climat ;

  • conscients des différents défis auxquels est confrontée la région méditerranéenne, tels que le changement climatique, les flux migratoires, les conflits et la pauvreté ;

  • convaincus par conséquent que le renforcement et la promotion du rôle des villes et du dialogue entre ses communautés civiques et religieuses offrent une contribution essentielle à ces défis ;

connaissent et reconnaissent :

  • la diversité du patrimoine et des traditions de la région méditerranéenne en tant qu'atouts partagés par l'ensemble de l'humanité. Toutes les valeurs naturelles, environnementales, culturelles, linguistiques et religieuses de la Méditerranée, tangibles et intangibles, sont considérées comme des sources de dialogue et d'unité entre nos peuples et devraient être protégées et transmises aux générations actuelles et futures ;

  • l'importance d'un engagement éducatif qui part des besoins fondamentaux, communs à tous les humains, et qui pourrait conduire la jeunesse sur le chemin qui mène à la découverte du sens de la vie et du désir de bonté, d'amour, de justice et de liberté ;

  • la nécessité de développer davantage d'opportunités de dialogue constructif et de rencontres entre les différentes traditions culturelles et religieuses présentes dans nos communautés afin de renforcer les liens de fraternité qui existent dans notre région ;

  • l'importance de créer des programmes universitaires communs, afin d'initier les jeunes de toute la région à une compréhension commune respectueuse des traditions et des particularités culturelles de chaque pays ;

  • le rôle clé de la diplomatie à l'échelle urbaine dans la promotion d'un développement humain intégral et durable basé sur le respect de la dignité et des droits fondamentaux de chaque être humain ;

  • l'importance fondamentale de la reconnaissance d'un droit universel à la sécurité sanitaire et à la protection sociale dans la zone méditerranéenne, en particulier suite à la pandémie de COVID 19 et au rôle central que la coopération au niveau des villes pourrait jouer dans la lutte contre la maladie, par la mise en œuvre des politiques de l'OMS et l'échange d'expériences et de bonnes pratiques concernant les thérapies et l'inoculation de vaccins ;

  • la nécessité de mettre en œuvre, dès que possible, des solutions intégrées pour éviter un changement climatique catastrophique. C'est maintenant qu'il faut agir, afin de préserver la qualité de vie des générations à venir et de parvenir à une approche écologique intégrale ;

  • l'opportunité de promouvoir une véritable transformation sociétale visant à instaurer une culture de durabilité sociale, notamment par le biais de nouvelles formes de coopération entre les décideurs politiques, les scientifiques, les leaders spirituels et culturels et les chefs d'entreprise ;

  • l'importance de promouvoir des opportunités d'emploi de qualité pour les catégories défavorisées, les jeunes et les femmes, et de favoriser le développement économique et social des pays d'origine des migrants, également par le biais de programmes de coopération, visant en particulier à protéger les enfants ;

  • le lien étroit qui existe entre le changement climatique et les flux migratoires dans la région méditerranéenne : des phénomènes tels que la désertification, la déforestation, la dégradation des sols exposent potentiellement des milliards de personnes à des déplacements et des migrations de masse ;

  • la pertinence du renforcement des relations interculturelles et interreligieuses, afin d'atteindre un niveau plus élevé de compréhension mutuelle entre des individus d'origine, de langue, de culture et de croyance religieuse différentes ;

appellent

  • les Gouvernements de tous les pays méditerranéens à établir une consultation régulière avec les maires, avec tous les représentants pertinents des communautés religieuses, des autorités locales, des institutions culturelles, des universités et de la société civile sur les questions discutées dans cette conférence. Les Villes revendiquent leur droit de participer aux décisions qui ont un impact sur leur avenir ;

  • les Gouvernements, les maires et les représentants des communautés religieuses à promouvoir le Pacte mondial pour l'éducation à tous les niveaux - un parcours qui intègre les approches anthropologiques, communicatives, culturelles, économiques, politiques, générationnelles, interreligieuses, pédagogiques et sociales pour faire émerger une nouvelle solidarité universelle et une société plus accueillante ;

  • les Gouvernements, les maires et les représentants des communautés religieuses à promouvoir des initiatives communes pour le renforcement de la fraternité et de la liberté religieuse dans les villes, pour la défense de la dignité humaine des migrants et pour la promotion de la paix dans tous les pays méditerranéens ;

  • les maires et les représentants des communautés religieuses à s'engager dans le dialogue et à mobiliser les ressources pour un développement social et économique durable en faveur de la coopération internationale, du dialogue interculturel et interreligieux, du respect de chaque individu par un partage plus équitable des ressources économiques et naturelles ;

  • les maires à discuter et à explorer ce qui fait aujourd'hui idéalement la cohésion d'une société civile et comment les contextes contemporains intègrent les traditions religieuses et les expressions culturelles ;

  • les représentants des communautés religieuses à explorer la façon dont ils peuvent interagir les uns avec les autres et avec les représentants des gouvernements municipaux et les dirigeants civiques pour comprendre les causes et les exemples de violence et, par conséquent, travailler ensemble pour l'éliminer ;

et enfin s'engagent à :

  • promouvoir des projets concrets d'inclusion culturelle, religieuse, sociale et économique.

Les zones de réglementation des émissions de polluants atmosphériques, ou zones ECA (de l’anglais "Emission Control Area »), sont un dispositif prévu dans le cadre de la convention internationale MARPOL pour la prévention de la pollution des navires.

Dans une zone ECA, des normes plus sévères d’émissions sont imposées aux navires :

  • teneur en soufre des carburants marins : 0,1 %, alors que la norme mondiale est de 3,5 % et qu’elle passera à 0,5 % en 2020 ;
  • motorisation des navires : passage à la norme Tier III qui permet de réduire de façon sensible les émissions d’oxydes d’azote, réduction de 80 % des émissions par rapport au niveau de référence fixé en 2000.

Cela s’applique à tous les navires, français ou étrangers, qui circulent dans la zone. Concrètement, tous les navires circulant dans ces zones sont obligés d’utiliser des carburants plus propres (moins chargés en soufre) et de s’équiper de moteurs émettant moins d’oxydes d’azote. Pour s’en assurer, des contrôles sont réalisés. Un régime de sanctions pénales est prévu par la réglementation internationale en cas de non-respect des règles.

L’objectif est d’améliorer la qualité de l’air, qui a un impact direct sur la santé des citoyens proches de la zone et l’environnement.

Il existe actuellement 4 zones ECA dans le monde : au Canada, aux États-Unis, en Manche / Mer du Nord et dans la mer Baltique.
 

Comment mettre en place une zone ECA ?

La mise en place d’une zone ECA nécessite une décision des pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui est l’instance de réglementation mondiale du transport maritime. Ce dossier comprend notamment une étude d’impact démontrant les effets positifs de la mise en place de la zone, sur la réduction de la pollution et la santé des populations. L’étude d’impact est une démarche scientifique qui permet d’objectiver l’intérêt de la mise en place de la zone.

 

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