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Joseph Mascarel : ce Marseillais devenu maire de Los Angeles

Saviez-vous qu'un Marseillais a été un jour maire de Los Angeles aux États-Unis ?

Durant deux années, en 1865 et 1866, Joseph Mascarel, émigré français installé en Californie, va présider aux destinées de la Cité des Anges. 
Un épisode certes bref mais qui laisse une trace encore aujourd'hui puisqu'une rue du quartier de "Mission Hills" porte encore son nom (même s'il est orthographié avec 2 "L").
 

Une âme de pionnier

C'est l'histoire d'un petit Marseillais, né en 1816 et passionné de navigation dès son plus jeune âge. Il en fera son métier.
À 8 ans seulement, il est engagé comme personnel de cabine pour un voyage au long cours qui le conduira, entre autres, jusqu'au port de San Pedro en Californie.
À 11 ans, il est cadet sur un navire marchand, La Jeannette et après des escales à Hawaii et Tahiti, il retrouve à nouveau le port de San Pedro.
À 21 ans, Mascarel s'engage dans la Marine française pour quatre ans mais n'ira pas au bout de son contrat. Vers 1840, alors qu'il fait route vers Valparaíso au Chili, le passage du terrible cap Horn lui sera fatal. Il a les deux pieds gelés et arrive très affaibli au Chili où il doit reprendre des forces. Il décide alors de quitter la marine et de voguer de ses propres ailes : il achète - avec un autre marin - une goélette chilienne "La Joven Fanita". Avec son compagnon, il va faire du commerce en faisant du cabotage, de port en port, le long de la côte ouest de l'Amérique du Sud, pendant deux ans.
Puis, il vend son navire à Joseph Yves Limantour, un armateur de commerce français mais reste à bord en tant que capitaine. Limantour opère essentiellement au Mexique et sur la côte californienne. C'est ainsi qu'en 1845, Mascarel débarque pour la troisième fois dans le port de San Pedro.
 

1845 : l'installation à Los Angeles

Ce troisième voyage en Californie sera le bon. Mascarel décide alors de se poser sur la terre ferme et s'installe, non loin de San Pedro, à Los Angeles. À cette époque, la ville compte à peine 1 700 habitants et n'a évidemment rien à voir avec la mégalopole que l'on connait aujourd'hui.

Mascarel y devient tonnelier pour Jean-Louis Vignes, un colon français installé dans la région de Los Angeles, premier vigneron à importer et cultiver des cépages de raisin français (Bordeaux, Cabernet, Sauvignon...).

Joseph Mascarel le quittera ensuite pour ouvrir une boulangerie. Il épouse une Mexicaine, Constancia Goytino, qui lui donnera 9 enfants.

 

1865 : Mascarel devient maire de Los Angeles

Même si à l'époque les émigrés français réprésentent à peine 2% de la population de Los Angeles, ils connaissent pour certains une ascension sociale importante et plusieurs siègent au conseil municipal.
Et  en 1859, un Canadien-Français, Damien Marchesseault, devient le 11e maire de la ville et sera réelu quatre fois jusqu'en 1865.
C'est à cette date, le 5 mai 1865, que Joseph Mascarel lui succède et devient le 15e maire de Los Angeles. Un bel aboutissement pour le petit Marseillais qui rêvait d'horizons lointains.

Bien qu'il porte les couleurs du Parti Républicain, Mascarel veut interdire le port d'arme dans la ville alors que la guerre civile américaine fait rage. Un projet qui lui vaudra bien des détracteurs au pays de la conquête de l'Ouest. 
Estimé par les communautés françaises, espagnoles et mexicaines…, Mascarel se heurte alors à la minorité grandissante des anglo-saxons qui le dénigre et lui reproche de ne pas bien parler anglais…
Il devra finalement céder son poste dès 1866 à un nouveau maire mais sa popularité lui permettra néanmoins de rester au conseil municipal de 1867 à 1881 durant 7 mandatures.

Commerçant prospère, il achète, en 1874, un grand magasin dans le quartier de Gower Street qui deviendra Hollywood en 1886.
Sa femme décède en 1890. En 1896, âgé de 79 ans, Mascarel se remarie à Maria Jesus Benite Feliz.
Il meurt à Los Angeles, le 6 octobre 1899 d’une crise cardiaque à l’âge de 83 ans.
À sa mort, son patrimoine successoral est estimé entre 500 000 et un million de dollars.

L’historien américain H.D. Barrows parlera de lui, en ces termes, devant la "Historical Society of Southern California"  :“Mascarel était à bien des égards un homme remarquable. Il avait des vues claires et éminemment pratiques, de fortes convictions et un bon jugement en matière commerciale, ce qui lui permettait d’accumuler une belle fortune. Bien qu’il ait donné à des fins charitables et autres, des sommes considérables de son vivant, ses organismes de bienfaisance, qui, dans ses dernières années s’élevaient à plusieurs centaines de dollars par mois, étaient, en règle générale, inconnus aux étrangers, c’est-à-dire à tout le monde sauf à lui-même et aux bénéficiaires“.

Images
Colline d’Hollywood : © Skeeze – Pixabay.com
Autres : © frenchtownconfidential.blogspot.com

Merci à l'équipe des fonds patrimoniaux de l'Alcazar pour une grande partie des infos.

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