Environnement Environnement

Marseille au cœur des enjeux stratégiques de la biodiversité

Composé du préfixe « bio » (du grec βίος « vie ») et du mot « diversité », il est communément admis que la biodiversité désigne l'ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent.
Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux. Pourquoi et comment ce concept est-il apparu ? Très employé récemment dans le cadre d’alertes de plus en plus inquiétantes concernant l’état de notre planète et, plus particulièrement, du réchauffement climatique, le mot « biodiversité » nous renvoie à l’importance de notre rôle en tant qu’espèce vivante habitant sur Terre.

Notre territoire a une responsabilité cruciale aux niveaux mondial et européen dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Érosion qui menace directement notre survie et celle des générations à venir. 


Marseille au coeur des enjeux stratégiques de la biodiversité

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a choisi Marseille pour tenir son Congrès Mondial de la Nature, en septembre 2021. Il réunissait l'ensemble de leaders et décideurs issus de gouvernements, de la société civile, d’organisations des peuples autochtones, d’entreprises, de collectivités territoriales et d’universités... 

La Ville de Marseille entend aujourd’hui jouer un rôle pilote dans la réponse au défi de la restauration de la biodiversité sur son territoire. 
Son rôle est d’autant plus légitime que la Ville de Marseille se situe au cœur de plusieurs grandes entités, chacune identifiée à l’échelle internationale comme étant un territoire foisonnant en espèces végétales et animales associées à de précieux habitats…

Ainsi que le Maire de Marseille, Benoît PAYAN l’a confirmé
« Lors du conseil municipal du 8 février 2021, nous avons déclaré Marseille en état d'urgence climatique. Je veux que notre ville change sa façon de concevoir son développement et prenne une nouvelle trajectoire pour atténuer le changement climatique. À travers cet état d'urgence climatique, la Ville de Marseille a décidé de prendre en compte la question du climat et de la transition écologique dans toutes ses politiques publiques ».
 

Le saviez-vous ?

Le bassin méditerranéen, avec 46 000 km de côtes et une superficie de 2 500 000 km², a été défini comme un des 35 « hotspots » (points chauds) de biodiversité mondiale et le troisième le plus riche en diversité végétale, comptant environ 30 000 espèces de plantes dont 13 000 endémiques (CEPF, 2010) (1).

La mer Méditerranée est aussi l’un des plus importants réservoirs de biodiversité marine au monde : bien qu’elle ne représente que 0,82 % de la superfice des océans, la Méditerranée regroupe 7 % des espèces de la faune marine et 18 % de celles de la flore mondiale.
Sa richesse est estimée à plus de 17 000 espèces, dont 25 % sont endémiques1 et donc ne se rencontrent que dans ses eaux. 

(1) Une espèce est dite endémique d’un territoire lorsque l’ensemble des populations de l’espèce sont présentes uniquement dans ce territoire. Indissociable d’une zone géographique donnée, l’endémisme est souvent fort dans les îles où des espèces ont été isolées depuis longtemps, mais plus faible chez les espèces qui se déplacent comme les oiseaux et les organismes marins.

 

Biodiversité et histoire : premières alertes

La notion de biodiversité apparaît pour la première fois dans les années 1980, d’abord avec la « Stratégie Mondiale de la Conservation » qui traite de la conservation de la diversité du vivant (UICN, PNUE et WWF, 1980), puis, en 1988, lorsque l’entomologiste américain E.O. Wilson en fait le titre du compte rendu du National Forum on Biological Diversity (Wilson, 1988).
Relativement récent, ce terme et l’ensemble des réflexions et actions menées convergent vers un seul but : préserver notre environnement pour survivre.

 

La biodiversité se dégrade dans le monde

Plus de la moitié de la surface habitable de la planète a été modifiée de façon significative par l’activité humaine depuis ces dernières décennies. En conséquence des actions anthropiques, la vitesse actuelle de disparition des espèces est de 100 à 1 000 fois supérieure à leur rythme naturel d’extinction (MEA, 2005), constat confirmé par le rapport récent (2019) de l’IPBES.
Or en 2005, on avait déjà estimé que 60 % des services rendus par les écosystèmes étaient dégradés, générant une perte annuelle évaluée à 50 milliards d’euros. Et que si rien n’était fait, la seule perte de biodiversité pourrait représenter 7 % du PIB à l’horizon 2050 (Sukhdev, 2008). 
On parle d’une 6e extinction de masse des espèces. Cette dégradation de la biodiversité est largement la conséquence de nos activités humaines, qui exercent des pressions majeures sur la nature.

L’UICN suit l’état de la biodiversité dans le monde, avec la Liste rouge mondiale des espèces menacées.  En 2021, sur les 134 425 espèces étudiées dans cette liste, 37 480 sont classées menacées, parmi lesquelles 41 % des amphibiens, 14 % des oiseaux et 26 % des mammifères, ou encore 34 % des conifères.

Les milieux naturels sont également fragilisés : plus de 35 % des milieux humides littoraux et continentaux ont disparu depuis 1970 dans le monde et les forêts tropicales pourraient disparaître d'ici 50 à 70 ans au rythme actuel de la déforestation.

 

Les causes de l’érosion de la biodiversité

Certaines causes naturelles peuvent expliquer la disparition d’espèces ou de milieux naturels, mais le rythme d’érosion actuel est largement attribuable aux activités humaines :

  • la destruction et la fragmentation des milieux naturels liées, notamment, à l’urbanisation et au développement des infrastructures de transport ;
  • la surexploitation d’espèces sauvages (surpêche, déforestation, braconnage…) ;
  • les pollutions de l’eau, des sols et de l’air ;
  • le changement climatique qui peut s’ajouter aux autres causes et les aggraver (il    contribue à modifier les conditions de vie des espèces, les forçant à migrer ou à adapter leur mode de vie) ;
  • l’introduction d’espèces exotiques envahissantes.

Concernant cette dernière cause, le cinéma s’en est emparé. Citons par exemple Le cauchemar de Darwin (2005) - film documentaire réalisé par l’Autrichien Hubert Sauper - dénonçant l'exploitation intensive de la perche du Nil et ses effets catastrophiques sur l'écosystème et l'économie de la région du lac Victoria, notamment en Tanzanie. Ce poisson, introduit artificiellement dans les années 1960 au sein du lac Victoria (deuxième plus grand lac du monde) est un prédateur qui serait responsable de la disparition de nombreuses espèces du lac...
Le film a remporté l’Oscar 2006 du meilleur documentaire.

 

Des tentatives de réponse à cet enjeu crucial au niveau national

Le Sommet de la Terre de Rio, en juin 1992 marque l’entrée en force sur la scène internationale des préoccupations vis-à-vis de la diversité du monde vivant. Sous l’égide de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), les gouvernements des pays présents décident au travers d’une convention mondiale, la CDB, de faire d’une priorité la protection et la restauration de la diversité du vivant. Les 193 pays qui l’ont ratifiée, dont la France, s’engagent à élaborer des stratégies, plans ou programmes nationaux tendant à assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique mais aussi, le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

En effet, en 2010, les États ont adopté un Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, incluant les 20 Objectifs d’Aïchi pour la biodiversité. 

D’autre part, en 2014, un protocole dit « de Nagoya » sur l’accès et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation à la CDB est entré en vigueur.

 

Les nouvelles compétences territoriales en matière de biodiversité

Le processus de décentralisation initié en France dans les années 1980, ainsi que les récentes évolutions législatives, ont largement contribué à modifier le rôle des collectivités territoriales en matière de biodiversité et à en faire des acteurs majeurs de la conservation de la nature. 

En ce qui concerne la gestion de la biodiversité à l’échelle communale, la loi Biodiversité de 2016 a eu de nombreux effets, notamment le renforcement de la prise en compte des continuités écologiques dans les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) en permettant de classer des parcelles en tant qu’Espaces de Continuité Écologique (ECE) et la possibilité de créer des servitudes pour de futurs espaces verts. Et également la végétalisation des toitures de certains établissements commerciaux.
Elle a également fait évoluer la gouvernance de la biodiversité au niveau national et territorial.  

 

Biodiversité à Marseille : de la prise de conscience aux solutions sur terre et en mer

Marseille se situe au bord de la Méditerranée, région reconnue comme un point chaud de biodiversité à l’échelle mondiale. Son climat et sa diversité d’habitats d’intérêt patrimonial ou communautaire lui permettent de bénéficier d’une riche biodiversité. 
Son territoire s’étend sur 24 650 ha, avec 15 000 ha d’espaces urbanisés, 655 ha de parcs et jardins et 9 000 ha d’espaces naturels. On compte également 60 000 ha en mer inclus dans un site Natura 2000 marin. Bien que les surfaces d’espaces naturels ou classés semblent imposantes, les écosystèmes ont subi très fortement les conséquences du développement urbain de ces deux derniers siècles. 

La ville compte plus de 860 000 habitants et est fréquentée par près de 5 millions de touristes chaque année, imposant aux milieux naturels environnants une pression anthropique toujours plus forte. Les enjeux de protection et de préservation sont nombreux et deviennent de grands défis à relever tant à l’échelle locale qu’internationale.

 

En mer, les îles marseillaises : une biodiversité sous surveillance

Le patrimoine terrestre des archipels de Marseille est bien connu car étudié dans un premier temps par le Conservatoire d'Espaces Naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur (CEN PACA) et aujourd’hui par le Parc national des Calanques.

Les îles de Marseille représentent une superficie de 191 ha pour la totalité du Frioul et 158 ha pour l’ensemble de l’archipel de Riou
En raison de leur situation géographique et singularité climatique, elles abritent des habitats souvent peu représentés au niveau national, à forte valeur patrimoniale et dans un état de conservation remarquable par rapport au continent.
Plus de 43 % de la surface de l’archipel de Riou et plus de 50 % de la surface des espaces naturels du Frioul sont constitués d’habitats considérés « d’Intérêt Prioritaire et Communautaire » selon Natura 2000

 

Le patrimoine naturel en milieu marin : un espace sous contrôle

À Marseille, c’est d’abord la biodiversité marine qui a été étudiée avec la station marine  d’Endoume, un  des  premiers  instituts de recherche en océanologie au monde (1869). L’étude  des  peuplements  de  poissons  des  eaux  marseillaises  a  été  favorisée  par la création du Parc national des Calanques qui a donné les moyens aux structures de recherche en océanographie pour faire le suivi de communautés et d’assemblages d’organismes marins.

Les deux grands canyons situés plus au large, Cassidaigne et Planier, ont également été explorés ces 10 dernières années.  Véritables  hauts  lieux  de  biodiversité, ils abritent plusieurs espèces animales d’intérêt patrimonial. Mais le changement climatique perturbe le milieu marin avec une hausse des températures et une acidification de l’eau...

 

En résumé, au niveau marin, quels enjeux ?

  • Restaurer en priorité les continuités écologiques 
  • Améliorer considérablement la gestion et la qualité des cours d’eau 
  • Mieux gérer les pollutions terrestres et marines 
  • Améliorer la gestion de la pression touristique, en particulier dans les espaces naturels protégés terrestres et marins 
  • Mieux gérer les transferts d’espèces et anticiper le développement des Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) 
  • Mieux comprendre les impacts du changement climatique et ses conséquences

 

La biodiversité marseillaise fortement impactée par les activités humaines : défis et solutions

Peuplé depuis 29 000 ans, le territoire marseillais a toujours fourni à l’homme les ressources nécessaires à son développement et son épanouissement, grâce à son patrimoine naturel exceptionnel. De tout temps, l’homme y a puisé les ressources locales : poissons, coquillages, gibier, plantes diverses, eau douce, bois, roche, argile et sable pour subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, les bénéfices que l’être humain tire de l’environnement relèvent également du bien-être avec les activités de loisirs.

Ainsi, dans la région marseillaise, de nombreuses pressions anthropiques impactent et dégradent les milieux terrestre et marin : artificialisation, activités commerciales et industrielles, prélèvement des ressources, surfréquentation, activités de loisirs... 

Les enjeux de conservation et de préservation sont donc forts et il est temps d’agir.

 

Un territoire victime de son attractivité ?

La région Sud est la deuxième région française d’accueil des touristes étrangers, et la troisième pour les touristes français (Région Sud PACA, 2018). Plus de 8 millions de personnes visitent le département des Bouches-du-Rhône chaque année (Département 13, 2018). Marseille, deuxième ville de France, attire de nombreuses personnes et fait l’objet d’une fréquentation accrue, en raison de son image renforcée depuis Marseille Capitale Européenne de la Culture 2013 et de l’amélioration de son accessibilité (3 heures de Paris en TGV). La ville est intégrée dans une métropole de 92 communes et héberge plus de 860 000 habitants…

 

Les activités nautiques, reflet de l’attractivité de notre territoire et ses conséquences

Les activités nautiques se développent  de plus en plus sur le littoral marseillais grâce à sa forte attractivité. Ce succès est source d’opportunités pour le territoire, car il génère de nombreux emplois pour l’encadrement  (moniteurs,  guides...)  ou  le  transport  des  usagers  (bateaux  navettes...) et des retombées économiques importantes (hôtellerie, restauration).
Cependant, cette forte fréquentation se répercute sur les espaces naturels et entraîne des impacts négatifs sur la biodiversité : dégradation directe d’habitats naturels, la perturbation d’écosystèmes et d’espèces... 

Quelques chiffres :

  • 9 000 places de bateaux dans 11 ports de plaisance sur la commune ;
  • 56 structures de plongée sous-marine à Marseille ;
  • 5 000 t de poissons pêchés par an en France via la pêche de loisir.

 

La gestion des mouillages : le Parc national des Calanques et le contrat de Baie

Les ancrages répétés créent des dommage irréversibles sur les habitats tel que l’herbier de posidonie. Sur le territoire maritime marseillais, en dehors de 3 types de zones (Zones d’Interdiction  de  Mouillage  ou  ZIM,  Zones d’Interdiction d’Engin à Moteur ou ZIEM et Zones Réservées Uniquement à la Baignade ou ZRUB), les bateaux peuvent jeter leur ancre sans aucune contrainte ou précaution particulière 

Dans  certaines  calanques, le plan de balisage actuel incite même à mouiller dans l’herbier de posidonie. Or, il est nécessaire de préserver les fonds marins des sites les plus fragiles exposés à ces contraintes. Dans le cœur marin du Parc national des Calanques et l’aire marine adjacente 18 sites emblématiques de plongée ont été équipés de 33 mouillages écologiques en libre accès par la Ville de Marseille. En  outre,  dans  un  contexte  global  de  surfréquentation,  une  action  de  concertation est pilotée actuellement par le Parc national des Calanques pour organiser la plaisance dans les calanques et limiter l’impact des mouillages. Elle s’inscrit dans le cadre du Contrat de Baie de la Métropole.

 

L’Aquaculture, une solution pour répondre à la demande croissante en produits de la mer ?

Aujourd’hui, la commune de Marseille compte 6 ports de pêche gérés par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône avec un total de 39 navires actifs côtiers, pour une pêche à 3 milles du rivage en moyenne 

Devant le constat de la diminution mondiale des ressources marines, l’aquaculture est envisagée comme une solution pour faire face à la demande croissante en produits de la mer. Aujourd’hui dans le monde, près de la moitié des produits halieutiques provient de l’aquaculture. Néanmoins, l’aquaculture n’est pas sans conséquences pour l’environnement : elle génère des pollutions à travers le relargage dans le milieu de surplus de nourriture, de traitements chimiques...

À Marseille, l’activité aquacole était bien plus présente par le passé. Aujourd’hui, une seule ferme aquacole existe, sur l’île de Pomègues et occupe 2,2 ha sur le Domaine Public Maritime (DPM). Elle produit chaque année 60 t de poissons élevés en pleine mer dans des filets soutenus par des structures flottantes. Elle est la première ferme de Méditerranée à avoir obtenu le label Agriculture Biologique.

 

Et sur terre ? Des initiatives marseillaises pour préserver la biodiversité : agriculture urbaine et ferme municipale


Les espaces verts en ville : de potentiels réservoirs de biodiversité

Marseille possède des jardins (publics, d’établissements), des terrains végétalisés, des fermes pédagogiques, des jardins familiaux et partagés, et toutes sortes d’espaces végétalisés autour des voiries et dans les cimetières. 
Aujourd’hui, on y dénombre 54 grands parcs d’une superficie supérieure à 1 ha, dont 15 de plus de 5 ha. Les parcs Borély, Bagatelle, Pastré, Valmer, Magalone, Maison-Blanche, Saint-Cyr, Bruyères, Grand-Séminaire, François-Billoux et Brégante ont été réalisés sur d’anciennes propriétés de grandes familles marseillaises. 

Certains ont un caractère patrimonial, comme le parc Longchamp et sa fontaine monumentale, le jardin de la Colline-Puget - le plus ancien jardin public de la ville -, le jardin du Pharo, le parc balnéaire du Prado avec ses 42 ha conquis sur la mer, ou encore le parc de Corbière conçu comme un balcon sur la mer. D’autres, plus récents, sont nés de la volonté municipale de ménager des « respirations » dans la densité du tissu urbain : les parcs du 26e Centenaire, Athéna, de la Moline, de Séon…

Aujourd’hui, seuls 239 ha sur les 24 650 ha de la commune de Marseille sont classés en terrains agricoles dans le PLU. Globalement, le nombre d’exploitations se maintient depuis une dizaine d’années, et même si Marseille reste attractive pour les porteurs de projets, c’est la difficulté d’accès au foncier qui freine l’installation.
Pourtant l’agriculture urbaine apporte de nombreux bénéfices (économiques, culturels, récréatifs et éducatifs), tout en favorisant l’adaptation au changement climatique et le maintien de la biodiversité.

On note dans la région un regain d’intérêt pour le sylvo-pastoralisme, ce qui consiste, sur un terrain boisé pâturé, à mettre en œuvre des techniques et des modes de gestion durables pour répondre à la fois aux objectifs forestiers et aux objectifs pastoraux.
 

Les fermes municipales : biodiversité et pédagogie

En  1980,  la  Ville  de  Marseille  crée  la  première ferme pédagogique municipale de France : celle de la Tour-des-Pins, située au sein du domaine de Montgolfier (6 ha consacrés  au  domaine  agricole  sur  les  12 ha de la propriété). Puis, deux autres fermes pédagogiques ont vu le jour : le Collet-des-Comtes (3 ha) et celle du Roy-d’Espagne (2 ha). Les trois fermes pédagogiques municipales de Marseille sont de réelles exploitations agricoles implantées dans d’anciens domaines bastidaires. Elles produisent des cultures maraîchères avec de l’élevage. 
Leur gestion technique est confiée à un fermier tandis que des animateurs municipaux assurent un programme pédagogique.

 

En résumé, au niveau terrestre, quels enjeux ?

  • Stopper totalement l’étalement urbain et viser une artificialisation (2) zéro des sols 
  • Développer l’agriculture urbaine 
  • Mieux évaluer l’impact de toutes les formes de pollutions présentes sur le territoire 
  • Évaluer l’impact des trafics (routier, ferroviaire et maritime) sur les milieux et les espèces :
  • Gérer la fréquentation touristique dans les espaces naturels terrestres, littoraux et marins ;
  • Mieux évaluer les impacts des prélèvements dans les ressources naturelles (poisson, gibier) et gérer les stocks selon la capacité de résilience des milieux 
  • Encourager le secteur industriel à appliquer davantage de mesures compensatoires réellement favorables à la biodiversité 
  • Appliquer des solutions fondées sur la nature

(2) Transformation d'un sol à caractère agricole, naturel ou forestier par des actions d'aménagement, pouvant entraîner son imperméabilisation totale ou partielle. Ce changement d'usage des sols, le plus souvent irréversible, a des conséquences qui peuvent être préjudiciables à l'environnement et à la production agricole.
 

Espèces menacées, espèces protégées : un défi à long terme

Espèces protégées et espèces menacées, quelle est la différence?

Les espèces protégées sont celles qui font l’objet d’une réglementation à différentes échelles : internationale, européenne, nationale, régionale ou départementale. Par exemple, il peut être interdit de les chasser, pêcher, cueillir, détruire, déplacer à tous les stades de développement. Parfois la réglementation est étendue au milieu de vie de l’espèce, donc à certains écosystèmes. La France compte plus de 9 500 espèces protégées (du niveau départemental au national).
Plus de 40 % des espèces protégées en région Sud sont des espèces considérées comme menacées.

Les espèces menacées sont celles qui risquent fortement de s’éteindre ou de disparaître. Elles sont inscrites sur la Liste rouge des espèces de l’UICN après une évaluation fine basée sur un ensemble de critères permettant d’évaluer leur viabilité selon la taille de la population, la répartition géographique, la capacité de reproduction... Sur l’ensemble du territoire français (métropole et outre-mer), on compte 19 424 espèces endémiques non éteintes sur les 182 854 espèces recensées.

 

La Liste rouge des espèces de l’UICN : une alarme précieuse

La Liste rouge des espèces de l’UICN constitue l’inventaire mondial du risque d’extinction des espèces, qui permet d’identifier les priorités d’action, les progrès accomplis et les défis à relever pour la conservation des espèces. En 2019, au niveau mondial 105 732 espèces ont été évaluées et parmi elles, plus de 28 338 sont considérées comme menacées et 873 sont éteintes.

La France est le 6e pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées de par ses collectivités d’outre-mer, avec au total 2 168 espèces considérées comme menacées parmi les 11 016 évaluées (UICN Comité français & MNHN, 2019).
La France métropolitaine apparaît dans le contexte européen parmi les 5 pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées, phénomène corrélé à sa proximité avec la Méditerranée, point chaud de biodiversité, où 792 espèces sont menacées d’extinction sur 6 687 espèces étudiées selon le dernier bilan (UICN Comité français & MNHN, 2019). 

En France métropolitaine, 14 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens et 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition du territoire, tout comme 19 % des poissons d’eau douce et 28 % des crustacés d’eau douce. Pour la flore, 15 % des espèces d’orchidées sont menacées.
 

Les sites protégés sur le territoire

  • Sites Natura 2000 :
    - « Côte-Bleue - Chaîne de l’Estaque »
    - « Calanques et îles marseillaises - Cap Canaille - massif du Grand-Caunet » (dans lequel sont inclus 2 Zones de Protection Spéciale ZPS au titre de la Directive Oiseaux : « îles marseillaises – Cassidaigne » et « falaises de  Vaufrèges »)
    - « Chaîne de l’Étoile - massif du Garlaban »
  • Propriétés du CELRL (représentant 1.200 ha) :
    - les îles du Frioul
    - l’archipel de Riou
    - la Muraille-de-Chine
    - le Chalabran
    - la Fontasse – Port-Miou
  • 91 % du site classé des Calanques
  • 80 % du cœur terrestre du parc national des Calanques (le Parc englobant la totalité du site classé)
  • la forêt domaniale des Calanques (1 273 ha), qui comporte une réserve biologique historique de 97 ha créée en 1983, actuellement en projet d’extension
  • 3 domaines départementaux (d’une surface totale de 1 800 ha) relevant du régime forestier : la Barrasse, Marseilleveyre, la Nègre 
  • 10 propriétés municipales (d’une surface totale de 2 400 ha) relevant du  régime forestier et dont la gestion est assurée conjointement avec l’ONF. Les principales forêts communales sont : l’Étoile, Luminy, les Bruyères Pastré, la Cayolle, la  Millière.

À noter : la création prochaine de l’Aire Marine Protégée (AMP) autour du Frioul prévue dans le plan de gestion de l’archipel 2018-2022. La mise en place de cette AMP est rendue possible grâce à l’attribution du Domaine Public Maritime autour du Frioul au CELRL. Tout comme l’archipel du Frioul à proprement parler, l’AMP du Frioul fera l’objet d’une co-gestion par le Parc national des Calanques et la Ville de Marseille.
 

Le CELRL, qu’est-ce que c’est ?

Le Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages Lacustres, également appelé Conservatoire du littoral, est un établissement public administratif national français créé en 1975. Établissement membre de l'UICN, il n'a pas d'équivalent dans d'autres pays.

 

Les récifs artificiels de la baie du Prado, « le 112e quartier de Marseille » un succès

Les récifs du Prado constituent le plus vaste champ de récifs artificiels en France et un des plus importants de Méditerranée. Quatre cents structures ont été immergées entre octobre 2007 et juillet 2008 par la Ville de Marseille afin de reconstituer un milieu propice au développement de la biodiversité marine. Entre 2008 et 2014, les scientifiques (GIS Posidonie) ont effectué 352 plongées pour suivre l’évolution des poissons et des invertébrés présents sur et autour des récifs. Dix ans après la fin des immersions, le nombre d’espèces que  l’on  y  trouve  continue  d’augmenter  :  rascasse  brune,  chapon,  mostelle,  serran  commun,  rouget  de  roche,  congre  commun  peuplent  aujourd’hui  les  
récifs. Des  groupes  de  grands  dauphins  chassant  sur  les  récifs  ont  aussi  été  observés, preuve de l’attractivité de ces structures pour tous les animaux marins jusqu’aux cétacés. 

L’opération Récifs Prado a reçu en 2014 le Grand Prix du Génie écologique décerné par le ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie. En 2019, le film promotionnel des récifs du Prado a également obtenu le Trophée d’Or du cadre de vie dans la catégorie « audiovisuel » ainsi que le Green Award d’Or au festival de Deauville Green Awards dans la catégorie « biodiversité ». 

 

Et le citoyen dans tout ça ?


Un exemple de science participative au service du littoral : le programme Polaris

Protéger et faire connaître la diversité du littoral marseillais : c’est l’engagement de Septentrion Environnement, association scientifique et pédagogique dédiée à la connaissance et à la préservation du milieu sous-marin. Depuis 2007, cette équipe de plongeurs biologistes initie le public à la plongée sous-marine et à l’écologie du milieu via une école de plongée environnementale. Dans le cadre du Congrès mondial de la Nature, ils proposent une expérience de plongées virtuelles ouvertes à tous ! 

Septentrion Environnement initie tous ceux qui le souhaitent - plongeurs aguerris, passionnés, professionnels ou débutants - à la plongée scientifique. « Il s’agit de communiquer nos connaissances en écologie sous-marine via une expérience immersive pour découvrir le milieu », résume Solène Basthard-Bogain, directrice adjointe de Septentrion Environnement. Les citoyens deviennent de véritables acteurs de la protection du milieu marin : c’est la vocation du programme Polaris
Ceux qui viennent plonger vivent pleinement l’expérience des biologistes sous-marins. Progressivement, ils sont formés pour devenir de véritables sentinelles du littoral. En plongée, ils recueillent des données utiles à la fois aux scientifiques et aux collectivités publiques qui les utilisent dans la gestion du littoral…

 

Les autres initiatives

On l’a compris, de nombreuses initiatives existent, portées par des citoyens, des associations de sensibilisation et d’éducation à l’environnement

On en dénombre environ 35, proposant des actions dédiées à l’étude, la protection de la nature et l’éducation à l’environnement : Naturoscope, CPIE Côte Provençale - Atelier Bleu, AIEJE, Surfrider, Colinéo, les Petits Débrouillards, Planète Mer, les Amis de l’Huveaune... Elles visent des publics très variés et traitent de la diversité des milieux naturels, mais aussi de la  biodiversité en ville.

Des actions de sensibilisation du jeune public à la préservation de la biodiversité sont également développées depuis quelques années par le Parc national des Calanques sur son périmètre, mais également par la Ville, aussi bien en milieu urbain (dans les parcs et les friches) que dans les espaces naturels périphériques (notamment sur la forêt communale de l’Étoile).

Les besoins en matière d’acquisition de connaissance et d’apprentissage de bonnes pratiques sont avérés au sein de la commune. La Direction de l’Environnement et du Cadre de Vie souhaite impulser et mettre en place dans les prochaines années des actions de sensibilisation ou de formation auprès des services pouvant, de par leurs missions, contribuer à la préservation de la biodiversité ou à la sensibilisation du public. Des premiers contacts pour recenser les besoins ont été pris en ce sens.

Les journées Calanques Propres, les Initiatives Océanes (Surfrider Foundation), les opérations de nettoyage de l’Huveaune ou du Vieux-Port montrent que les dispositifs de sensibilisation impliquent souvent les citoyens en favorisant une participation active.

 

Et au quotidien ?

L’enjeu majeur semble évident : trouver les modalités adéquates pour concilier activité humaine et préservation de la biodiversité.
 

Des gestes simples peuvent tout changer ! Chez vous, en ville ou à la campagne.

En ville : privilégier les transports en commun, les circuits courts, limiter l’usage de détergents et privilégier le savon noir ou le vinaigre blanc…
Consommer des produits de saison : manger des fruits et des légumes de saison permet de protéger les écosystèmes en respectant les cycles naturels et limite également la consommation en énergies fossiles. De plus, chaque saison a ses fruits et légumes (dont certains peu connus) bons à consommer.

De même, utiliser l’eau du robinet avec conscience : fermer lorsque l’on se brosse les dents, etc.

 

Respecter le rythme de la nature

Ainsi, ne vous approchez pas d'une couvée ou d'un nid, au risque de mettre en cause la survie des petits. Observez de loin en utilisant par exemple une paire de jumelles. De même, nourrir certains animaux sauvages bouleverse leur cycle naturel et l'équilibre fragile de l'écosystème dans lequel ils vivent. 
Ne cueillez pas dans la nature une plante que vous ne connaissez pas. Il peut parfois s'agir d'une espèce protégée. Sa cueillette peut entraîner sa disparition et bouleverser son écosystème.
Ne participez pas à l'introduction d'espèce envahissante. Les invasions biologiques sont aujourd'hui considérées par l'UICN comme la seconde plus grande menace après la destruction de l'habitat, et devant la pollution et la surexploitation des milieux par l'Homme. Ne relâchez jamais une espèce exotique (animal ou plantes) dans la nature. Les nouveaux animaux de compagnie (NAC) peuvent constituer un danger pour la biodiversité.
 

Limiter l'usage de produits phytosanitaires

Pesticides, insecticides, engrais ou encore désherbants sont les pires ennemis de la biodiversité. Ils polluent les nappes phréatiques et détruisent la petite faune. Il existe des alternatives (désherbage thermique, binage, utilisation des insectes pour la lutte biologique, paillage). Il suffit de se renseigner et d'appliquer les autres gestes proposés.
 

Limiter la consommation d'eau pour mon jardin

Alors que le coût de l'eau augmente, économiser l'eau devient un geste à la fois économique et écologique. L'arrosage du jardin n'est pas vital et une nature trop assistée n'apprend pas à faire face aux aléas tels que la sécheresse. Il faut donc apprendre à accepter une herbe « moins verte », et pourquoi pas collecter l'eau de pluie pour assurer l'arrosage de votre jardin.
 

Utiliser le paillage

Afin de conserver l'humidité dans les massifs, vous pouvez mettre en place un paillage (mulch d'écorce, de broyat, de copeaux, de coques de cacao…) qui limitera l'apparition d'herbes spontanées et protégera du froid.
 

Mettre en place un compost

Réduire ses déchets tout en créant un produit utile pour le jardin est possible en se dotant d'un compost (déchets verts, épluchures, restes de fruits et légumes…). Chaque famille peut ainsi réduire de 20 à 30 % ses déchets tout en réalisant un amendement naturel pour le jardin. Cette action est possible dans un jardin (composteur) mais également sur un balcon ou une terrasse (lombricomposteur).
 

Semer une prairie fleurie

Bien plus riche en espèces végétales qu'un simple gazon, semer une prairie fleurie dans le jardin, dans une jardinière ou dans un bac sur votre balcon permet de favoriser l'apparition d'insectes comme les abeilles, les papillons ou les coccinelles. Son installation est utile pour le jardin tout en étant esthétique et peu cher (achat, entretien, mise en place).
 

Laisser un coin de jardin en friche

Une friche est un endroit du jardin où l'entretien, l'arrosage et l'application de produits divers ne sont pas réalisés afin de laisser faire la nature. Elle peut s'exprimer avec l'apparition de plantes utiles à la diversité végétale et animale. Il ne s'agit pas de « subir » la friche mais bien de l'inviter chez vous afin de renouer avec le côté naturel de votre environnement. Si une friche devient trop envahissante, il suffit de la faucher ou de la débroussailler une à deux fois par an. L'idéal est de procéder par moitié en laissant les végétaux coupés sur place quelques jours (le temps que la petite faune puisse trouver un nouveau refuge).
 

Inviter la petite faune

Une friche, une prairie fleurie, quelques arbres, arbustes ou végétaux avec des fleurs et des fruits représentent un jardin agréable et intéressant pour la petite faune (insectes, oiseaux, petits rongeurs). Ces gestes peuvent être complétés par la mise en place de nichoirs ou abris pour ces animaux. Plus un jardin ressemble à un écosystème naturel et plus il a de capacités à se défendre contre les aléas climatiques et les ravageurs.