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Un groupe scolaire renommé Olympe de Gouges en mémoire des combats menés par la révolutionnaire féministe

Après son vote au Conseil municipal d'avril 2024 et un travail collaboratif entre éléves et enseignants, les écoles maternelle et élémentaire Blancarde (74 rue Beau, 12e) prennent le nom d'Olympe de Gouges, en l'honneur des combats menées par cette femme engagée.

C'est au moment de la Révolution française, et même avant,  qu'Olyme de Gouges s’est engagée pour la défense des droits humains. Elle s’est élevée contre l’esclavage des Noirs, a plaidé en faveur des pauvres, réclamé davantage de solidarité. Femme, elle était privée des droits politiques. Cela ne l’a pas empêchée de s’emparer de la parole, par des écrits, des actes. Elle s’est mise pour cela en danger, jusqu'à en être guillotinée.

 

 

 

De Marie Gouze à Olympe de Gouges

Olympe de Gouges est née au XVIIIe siècle, le 7 mai 1748, sous le nom de Marie Gouze dans une famille bourgeoise, à Montauban, dans le sud-ouest de la France. Son vrai père est membre de la noblesse*, le marquis Lefranc de Pompignan. Il se préoccupe d'elle et intervient pour qu’elle reçoive une bonne éducation. 

À l’âge de dix-sept ans, elle est mariée de force à Louis-Yves Aubry. Elle a un enfant, Pierre, en 1766, un an après son mariage. Son mari meurt cette même année 1766. Elle en profite pour s’enfuir à Paris avec leur fils. Dès son arrivée, elle décide de se faire appeler « Olympe de Gouges » : une nouvelle identité, pour une nouvelle vie.

À Paris, elle entre  en relation avec des nobles et des personnes fortunées. Vive, intelligente, elle fréquente le théâtre, l’opéra, les salons littéraires et s’intéresse à la science. Elle rencontre des comédiens et commence à écrire pour le théâtre. 

 

Une écrivaine engagée, ses combats

Sa première pièce de théâtre est jouée en 1784, alors qu’elle est âgée de trente-deux ans. La pièce de théâtre s’appelle Zamore et Mirza ou l’Esclavage des Noirs, et suscite un immense mécontentement dès la première représentation.
À cette époque, les habitants des colonies françaises*, noirs ou métissés, travaillent sans être payés pour les nobles français* qui ont droit de vie et de mort sur eux. Ce sont des esclaves.

Dans sa pièce de théâtre, Olympe de Gouges expose clairement son idée de libérer les esclaves pour qu’ils aient les mêmes droits que quiconque. La pièce est alors supprimée.

Son écriture devient de plus en plus politique et elle signe des livres plus philosophiques où elle raconte son idée sur le monde, tel qu’elle voudrait le voir évoluer, comme dans Le siècle des grands hommes (1787).
En 1785, Olympe de Gouges publie Le Mariage inattendu, en le présentant comme la suite du Mariage de Figaro, de Beaumarchais. Ce dernier, furieux, répand la rumeur qu’elle n’a pas écrit ses pièces.

 

Son engagement pendant la Révolution française 

En 1788, elle publie la brochure Lettre au peuple, ou projet d’une caisse patriotique par une citoyenne, comme les hommes, en utilisant la « lettre publique ».
Elle propose de grandes réformes pour le pays au moment où la majorité du peuple est dans la misère, pendant un hiver 1788 particulièrement froid.
Sous les mots « tous citoyens », elle réclame l’organisation d’aides envers les plus pauvres, surtout les femmes seules et les enfants ou bien la création d’ateliers pour les chômeurs et de maisons pour accueillir les sans-abri.

On le comprend, sa vision de la société est d’une grande modernité. 

En 1789, tout bascule : c’est le début de la Révolution française. 

Olympe de Gouges est partisane de la monarchie constitutionnelle, un régime où le roi gouverne avec une constitution qui limite considérablement ses pouvoirs. Courageuse, fidèle à son horreur de la violence, elle se proposera pour le défendre lors de son procès !

Olympe de Gouges défend l’égalité et la liberté pour chaque être humain, quel que soit son milieu social de naissance, sa couleur de peau ou bien son genre (masculin ou féminin) de vivre libre et de s’épanouir dans le monde selon son choix. 

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Lutte pour les droits des femmes

Les femmes étant absentes dans les grands débats révolutionnaires, elle demande qu’elles soient acceptées comme les hommes dans les échanges politiques publics.
Une de ses phrases les plus célèbres : "La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune." 
Elle publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, où elle défend les droits des femmes, l’accès pour toutes à la liberté et, notamment, au droit de divorcer ! Elle réclame la fin du mariage religieux, la reconnaissance des enfants nés hors mariage. 
Les mêmes idées sont développées dans un texte intitulé Plaidoyer pour le droit au divorce et un statut équitable pour les enfants naturels.
Elle demande la création de maternités, de véritables établissement spécialisés où les femmes pourraient accoucher dans de meilleures conditions.

Olympe de Gouges, demande également la fin de l’entrée au couvent de force pour les femmes dans une pièce intitulée Le Couvent ou les vœux forcés, en 1790.

 

Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est un texte important de la Révolution française qui énonce un ensemble de « droits naturels individuels et communs » ainsi que les conditions pour leur existence dans la société. Les derniers articles sont adoptés par l’Assemblée nationale constituante le 26 août 1789. Ce texte précède la rédaction de la première Constitution et les débuts de la première République.

Il symbolise la fin de l’Ancien Régime et de l’inégalité des hommes en fonction de leur naissance : 
"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune".

En 1791, Olympe de Gouges est très active dans la Révolution et écrit beaucoup. 
La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne est une réponse à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. 
Elle veut obtenir l’accès aux mêmes droits que les hommes pour toutes les femmes, la suppression de toute oppression (comme un mariage forcé) et de toute injustice, le droit de travailler, de divorcer, d’exister enfin, pleinement.
Ce texte est adressé à la reine Marie-Antoinette.
Olympe de Gouges rappelle à la reine qu’elle a pris sa défense, lui demande de ne pas appeler les pays européens (à qui la Révolution fait peur) à mener une guerre contre la France. 
Elle lui demande, enfin, d’utiliser sa position de reine pour soutenir le droit des femmes.

 

Préambule à la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne et extraits :

"Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale.
Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.

En conséquence, le sexe supérieur, en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne ».

Article premier. La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi.

Article 13. Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

 

En juin 1791, le roi Louis XVI tente de s’enfuir. Il est arrêté à Varennes, dans l’est de la France. Le peuple parisien est convaincu qu’il tente de trahir le pays et le roi perd ses pouvoirs le 10 août 1792. 
En septembre, la Première République est proclamée. Face aux menaces intérieures, des mesures radicales sont prises : c'est la Terreur. Des massacres ont lieu à Paris, pour "achever les traîtres" et empêcher des "complots ". 

Olympe de Gouges dénonce cette tuerie avec courage et réclame une Révolution sans violence. 
Elle défie publiquement Robespierre (1758-1794) l’un des révolutionnaires les plus respectés et craints, membre important du club des Jacobins, très impliqué dans la Révolution dès les premiers jours. 
Les Montagnards, proches des Jacobins, et les Girondins s’affrontent et gouvernent ensemble à la Convention nationale qui fonde la première République. Olympe de Gouges se rapproche des Girondins mais elle dérange.

Elle rédige un dernier texte Les Trois urnes, où elle demande que l’on organise un vote autour de trois propositions de régime : régime républicain, la monarchie constitutionnelle ou un régime fédéral. Suite à ce texte, elle est accusée de complot contre la République.

Elle est arrêtée le 20 juillet 1793. 
Le 2 novembre de la même année, elle est jugée rapidement, sans possibilité de se défendre et guillotinée le lendemain, le 3 novembre 1793.
Fière jusqu’au bout, elle crie sur l’échafaud avant de mourir : "Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort".