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L’éducation populaire : pilier fondateur de l’émancipation de la jeunesse


Tour d’horizon non exhaustif de l’éducation populaire, de son histoire et de ses valeurs, à l’heure où la Ville de Marseille s’attache à l’ériger comme pilier fondateur de l’épanouissement des jeunes Marseillais.

Le concept d’éducation populaire prend sa source à la fin du XIXe  siècle dans une société française encore farouchement inégalitaire malgré le socle des principes hérités de la Révolution française.
On peut le définir comme une démarche éducative visant à contribuer à l’émancipation des individus et à leur autonomie pour transformer la société.
Les révolutions de 1830, 1848 et 1871 provoquent des tournants décisifs. Trois courants naissent, produisant chacun à leur façon, une forme d’éducation populaire : un courant laïc républicain, un courant chrétien social, et un courant ouvrier et révolutionnaire.
Tout au long du XXe siècle, la notion d’éducation populaire évolue, s’institutionnalise, revêt diverses colorations politiques.

 

À la genèse, l’héritage des communes et le courant chrétien social

En 1871, la Commune de Paris décrète plusieurs réformes, parmi lesquelles l’enseignement laïc et gratuit, ainsi que l’enseignement professionnel assuré par les travailleurs eux-mêmes.

Dans notre ville, ce sont les francs-maçons les plus radicaux qui développent par le biais de l'enseignement, une réelle politique d'entraide, où se retrouve l'éventail des opposants à Napoléon III. Ce sont les prémices d’une réelle envie de politique sociale. (Voir notre article La Commune de Marseille : 150 ans après, retour sur une insurrection qui changea le cours de l’Histoire).

Un mouvement français se développe dans tout le pays via les amicales, mutuelles et coopératives créées dans les années 1810-1820. La répression de la Commune détruisant ce mouvement, il faut attendre 1880 pour qu’il renaisse pleinement, devenant une puissance pesant dans la vie politique. Dans les années 1890, les bourses du travail créées par les municipalités pour réguler le marché de l’emploi, sont investies par les syndicalistes révolutionnaires. Les bourses se dotent de services d’entraide, de bibliothèques, de cours du soir.

Le christianisme social quant à lui, est un mouvement rassemblant fils de notables et jeunes ouvriers et paysans. Il se structure davantage autour de la lutte contre la misère et la pauvreté.

 

Les Trente Glorieuses et Mai 68

L’idée de pédagogie de la démocratie évolue vers un concept d’animation socioculturelle, rattachée aux loisirs. La reconnaissance de l’État entraîne la création de droits et l’allocation de moyens. Ainsi, la création des Comités d’entreprises (1946), la loi sur le droit à la formation professionnelle continue (1971) ou encore la construction d’infrastructures comme les MJC (Maison des jeunes et de la culture).

À la fin des années 60, émerge une forte volonté d’autogestion accompagnée du souhait de repenser l’éducation populaire comme levier puissant de transformation de la société. Ainsi, le 25 mai 1968, les directeurs et directrices des Maisons de la culture publient la déclaration de Villeurbanne qui stipule : « Tout effort culturel ne pourra plus que nous apparaître vain aussi longtemps qu’il ne se proposera pas expressément d’être une entreprise de politisation : c’est-à-dire d’inventer sans relâche, à l’intention de ce non-public, des occasions de se politiser (…). Politiser étant ici « la politique » en son sens plus large, celui de civilité concernant tout ce qui a trait à l'exercice du pouvoir, à l’organisation de la société, au sens du collectif...

 

Et aujourd’hui ?

Ces dernières années, la sociologie a développé le concept de capabilité, au sens d’accroître les capacités de chacun dans le cadre d’une approche bienveillante et favorisant la confiance en soi. On l’a compris, l’approche « marxiste » a disparu au profit d’une dimension prônant la capacité d’agir des citoyens sur leurs conditions de vie, leur contexte social, pour se réapproprier leur quotidien en étant en capacité de décider pour eux-mêmes. Ainsi, ils peuvent transformer le collectif.

Un levier d’émancipation, une politique éducative à part entière, des pistes de réflexion pour comprendre comment chacun peut s’épanouir et apporter sa contribution à inventer une société plus juste, plus égalitaire… L’éducation populaire, c’est aussi tout cela.