Découvrir Marseille Découvrir Marseille

Alice Milliat : une vie dédiée à la reconnaissance des femmes dans le sport

Née le 5 mai 1884 à Nantes et morte le 19 mai 1957 à Paris, Alice Milliat nageuse, hockeyeuse et rameuse française s'est battue pour la reconnaissance des femmes dans le sport. Cette figure méconnue du sport féminin et du féminisme au XXe siècle a organisé les premiers Jeux olympiques féminins à Paris en 1922.  Considérée comme l'une des plus grandes militantes du combat pour la reconnaissance du sport au féminin au niveau international, elle fut la cofondatrice et la première présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF).

Retour sur le parcours d’une militante pour l’égalité que la Ville de Marseille a choisi d’honorer en donnant son nom à la piscine Saint-Charles.


Une vie de militantisme pour l’égalité entre les femmes et les hommes

Dès 1903, Alice Milliat quitte sa Bretagne natale pour devenir préceptrice à Londres. Lors de ce voyage, elle découvre une nouvelle culture, apprend plusieurs langues et se prend de passion pour l'aviron. Passion qui ne la quittera plus. De retour en France en 1907, elle s’installe alors à Paris. Marquée par le combat des suffragettes anglaises pour l'égalité entre les femmes et les hommes, elle se rapproche d'un des premiers clubs sportifs féminins français et engage sa lutte pour la reconnaissance des femmes dans le sport.

"L'aviron, l'escrime, l'équitation, le cyclisme, la pelote basque sont des sports que la femme peut pratiquer avec succès" Alice Milliat

 

Les femmes aux Jeux olympiques 

Dans les années 1910, elle entame sa bataille pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques, et qu’elles puissent  intégrer les instances sportives, contre l'avis de Pierre de Coubertin.

C'est en 1915, qu'elle devient présidente d'un des premiers clubs féminins français : le Fémina sport. Cette association sportive ne proposait jusqu’alors que la gymnastique rythmique et dansée aux pratiquantes, elle en diversifie les activités pour y intégrer l'aviron - son sport favori - mais aussi l'athlétisme, le basket-ball, le football ou encore une version adaptée du rugby pour les femmes : la barette.

C'est pendant la Première Guerre mondiale, alors que les femmes travaillent aux champs ou dans les usines, qu'elle organise le premier championnat de France d'athlétisme ainsi que le premier match de football féminin officiel.

Encouragée par le succès des spectateurs présents lors des rencontres de 1920, elle demande officiellement au Comité International Olympique d'intégrer des épreuves féminines d'athlétisme aux Jeux olympiques.

Face à l'absence de réponse des instances et de Coubertin, elle contre-attaque en annonçant l'organisation des premiers Jeux olympiques féminins. Le 20 août 1922, 77 sportives venues de France mais aussi des États-Unis, de Tchécoslovaquie, de Grande-Bretagne ou encore de Suisse s'affrontent devant 20 000 spectateurs réunis dans le stade Pershing à Paris. En 1926, la  Fédération sportive féminine internationale (FSFI) organise une deuxième édition des Olympiades féminines en Suède. Durant 3 jours, plus d'une centaine de sportives représentant neuf nations différentes s’affrontent.

Lors des épreuves aux Jeux olympiques d'Amsterdam en 1928, 277 athlètes féminines sont présentes (sur un total de 2 883 athlètes). Alice Milliat devient à cette occasion la première femme juge internationale et arbitre des épreuves d'athlétisme masculines et féminines ; elle maintient  avec la FSFI, l'organisation des jeux mondiaux féminins en 1930 à Prague et en 1934 à Londres avec 270 athlètes issues de 20 pays.

 

La fin du combat 

La crise de 1929 entraîne des coupes sombres dans les subventions aux associations sportives. Le CIO décide d’en profiter pour diminuer le nombre d'épreuves ouvertes aux femmes aux JO de Los Angeles en 1932 et le jury redevient exclusivement masculin.

En 1935, dans une dernière missive, Alice Milliat demande au CIO d'exclure toutes manifestations sportives féminines des Jeux olympiques et de reconnaître la FSFI comme organisme international souverain pour la continuation des épreuves olympiques. Sans réponse et lasse des attaques de toutes parts, elle retourne à son métier d’interprète à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Il a fallu attendre les années 1970 pour que les Nations Unies incitent le CIO à intégrer l’égalité femme-homme comme valeur essentielle du sport olympique. En 2007, la charte olympique proclame enfin que “le rôle du CIO est d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre hommes et femmes."

Lors des JO de Paris en 2024, pour la première fois en plus d'un siècle d'histoire, autant de femmes que d'hommes prendront part à la compétition qui regroupera 10 500 athlètes.

Crédit photo : WikipédiA