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Une école de Marseille rebaptisée "École Ahmed Litim"

Ahmed Litim, tirailleur algérien de 24 ans, tué par les occupants nazis le 25 août 1944 lors de la libération de Marseille, donne désormais son nom à l’école Bugeaud dans le 3e arrondissement de la ville (décision votée au conseil municipal du vendredi 21 mai 2022).

Comme un symbole, ce nom vient remplacer celui du maréchal Bugeaud, qui fut le premier bourreau du peuple algérien, celui qui massacra des milliers de femmes et d’hommes.

Par cet acte, le Maire de Marseille souhaite rendre hommage à ces héros dont le rôle a été trop longtemps effacé de notre histoire.
 

Qui est Ahmed Litim ? 

On suppose qu’Ahmed Litim est né en 1920 à Guettara, près de Constantine, au nord-est de l’Algérie dans une région de montagnes. On ne peut pas être certain de sa date de naissance car il n’a pas été déclaré dans le registre de l’État-Civil.

Il s’engage dans l’armée en 1938, dans le RTA (régiment de tirailleurs algériens) l’un des régiments les plus décorés de l’Armée française, toujours présent dans les combats les plus dangereux. Ahmed Litim participe à des combats en Tunisie et en Italie.
En 1944, il participe à la campagne de France et à la Libération de Marseille.

Ahmed Litim est finalement embarqué à Bizerte (Tunisie) le 29 décembre 1943 pour rejoindre le front italien, à partir de Bagnoli, le 1er janvier 1944 en passant temporairement par le centre d’instruction d’armée (CIA) n°3. Au sein de cette formation,  il est promu caporal le 1er février alors qu’il est appelé à rejoindre le 7e RTA. Finalement, il rejoint la 1e compagnie du 1er bataillon sur le terrain. Il prend donc part à la campagne italienne de printemps qui mène le régiment vers Rome. Ahmed Litim embarque à Tarente (Italie) le 8 août et débarque à Saint-Tropez le 17 du même mois pour prendre part à la campagne de libération de la France. Première étape majeure : la libération de la ville de Marseille. Accrochant les soldats allemands dans de durs combats sur plusieurs points de la ville, les troupes du 3e et 7e RTA prennent le 25 août, les positions ennemies à Notre-Dame-de-la-Garde.

Vers 16h30, le vendredi 25 août, alors que sa compagnie monte à l’assaut de Notre-Dame-de-la-Garde pour rejoindre les camarades du groupe dit «Ripoll», qui viennent de déployer un drapeau français depuis le clocher, il est touché par un obus allemand et meurt le soir même de ses blessures.

Il est cité à l’ordre de l’armée pour son courage et est enterré à Marseille. Jeune caporal, toujours le premier aux postes dangereux, a fait preuve d’un cran remarquable dans les combats de rue à Marseille.

Il est décoré de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes.
 

Le rôle des Tirailleurs et des Goumiers dans la libération de Marseille 

La libération de Marseille marque une étape importante de la Seconde Guerre mondiale.

Dix semaines après le débarquement de Normandie, les opérations du débarquement de Provence commencent. Marseille est un enjeu militaire majeur parce que son port permet l’acheminement de troupes et de matériel dans le sud de la France afin de gagner la guerre contre l’Allemagne nazie.
 

Le débarquement de Provence des troupes américaines, anglaises et françaises

Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, Marseille est bombardée par les forces alliées. Le 15 août, le débarquement des forces du général Patch de la 7e armée américaine est une réussite. Aidées par les résistants, les forces américaines et britanniques progressent.

Embarqués à Tarente en Italie, les hommes du 7e Régiment des Tirailleurs Algériens (RTA) et des 3 groupements de tabors marocains arrivent avec l’armée commandée par le général de Lattre de Tassigny dans la baie de Saint-Tropez le 16 août. Ils arrivent le 21 août 1944 aux abords de Marseille et ce sont eux qui libèrent Marseille.
 

Le rôle de la Résistance

La Résistance entre en action. Les groupes des francs-tireurs et partisans italiens, arméniens et juifs et les Forces Françaises Libres attaquent les troupes nazies. Le 21 août, la préfecture est prise et le lendemain le comité de libération sous la présidence de Francis Leenhardt est installé.

Du 21 au 23 août, des barricades sont dressées partout dans Marseille et les Allemands se replient sur les points stratégiques. 
 

Le rôle des tirailleurs et des goumiers, le sacrifice d’Ahmed Litim

Le général de Monsabert répond à l’appel des résistants marseillais en s’engageant avec le 7e Régiment de Tirailleurs Algériens dans la ville par le nord et le nord-est, tandis que les Tabors mènent de durs combats par le sud et l’est. Le 25 août 1944, la bataille de Notre-Dame-de-la-Garde commence. Deux colonnes montent à l’assaut.
Guidés par un valeureux résistant, la 1e compagnie du 7e RTA, aborde les blockhaus disséminés autour de la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde.

Les troupes progressent lentement, les obus s’abattent et font plusieurs morts dont Ahmed Litim qui succombera à ses blessures. Plus loin, les tirailleurs du sergent Messaoud Lassami nettoient un à un les blockhaus.
En parallèle, les troupes du chef de bataillon Valentin mènent l’assaut final. Le drapeau tricolore est déployé sur Notre-Dame-de-la-Garde.

Marseille n’est pas encore totalement libérée. Les défenses allemandes de la Coude-Foresta sont réduites par le 3e bataillon du 3e RTA. Les derniers points de résistance au Racati sont pris avec de lourdes pertes.

Enfin, l’armée de l’air américaine pilonne le Frioul et l’armée allemande capitule finalement le 28. Marseille est libérée.

La restauration de la République

Dès le 24 août 1944, la République est restaurée. Le représentant du gouvernement provisoire de la République française, Raymond Aubrac, se charge d’organiser l’Administration et les nombreux besoins d’une ville stratégique dans la libération du territoire national.

La libération de Marseille par les Forces Françaises Libres et par la Résistance ne compta pas pour rien dans la place qu’occupa la France au sein des nouvelles instances internationales (Organisation des Nations Unies notamment). Marseille joua aussi un rôle capital dans l’acheminement du matériel et constitua une tête de pont majeure et décisive pour l’armée américaine.
 

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