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Commémoration du 11 Novembre : Marseille et la Grande Guerre

 

105 ans après l'Armistice, la commémoration du 11 Novembre rappelle une page douloureuse de l'histoire de notre pays.
À Marseille, la ville porte encore les traces de ce conflit sans précédent et nombreux sont les monuments érigés en mémoire de celles et ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté. Les archives municipales, les musées municipaux et les services de l'action culturelle de la Ville de Marseille vous invitent à un voyage dans le temps à la découverte de l'histoire de notre ville.

 

Ville de passage pour les soldats envoyés sur le front d'Orient

Le principal symbole de cette spécificité historique reste le Monument aux héros de l'armée d'Orient et des terres lointaines. Inauguré en 1927 sur la Corniche – en présence du président de la République Gaston Doumergue – il a été érigé sur les plans de l'architecte Gaston Castel et est classé "monument historique" et labellisé "Patrimoine du XXe siècle".
Pendant la guerre, Marseille était le principal port de transit du conflit. De là, s’embarquaient les soldats vers les fronts étrangers et arrivaient de nombreuses populations fuyant la répression, en particulier les Arméniens, rescapés du génocide commis par l'Empire ottoman.
Le conflit d'Orient eut pour conséquence la disparition de trois empires – l'Empire ottoman, l'Autriche-Hongrie et la Russie – et la recomposition géopolitique de cette région.
 

 

Marseille, comme ville de l'arrière

Nul n’échappe à la guerre et si Marseille n'était pas sur le front et ne vécut pas directement les atrocités des combats et de la guerre, elle en subit cependant les conséquences, y compris les difficultés d'approvisionnement.
Sa population participa activement aux préparatifs et supporta les répercussions et les pénuries de la guerre.
De tous les pays belligérants, des troupes débarquèrent dans son port, stationnèrent en ville, embouteillèrent ses artères…
Des soldats blessés de tous les continents vinrent s'y faire soigner ou et parfois même y mourir, des prisonniers travaillèrent dans ses chantiers.
Les Marseillais payèrent un lourd tribut (plus de 10 000 morts), mais ils surent également montrer leur sens de la solidarité envers leurs soldats, ainsi que pour les réfugiés français ou étrangers qui affluèrent dans la cité et pour la ville martyre d'Arras, dont Marseille devint la "marraine". Pour Marseille, ville florissante grâce à un port dont le trafic était à son apogée au début de la guerre, « rien ne sera plus comme avant ».
 

Le passage des troupes alliées

Les troupes coloniales françaises en provenance d’Afrique débarquèrent dès août 1914. Les premiers contingents venus du Commonwealth, dont 25 000 Indiens, arrivèrent peu après. Ils s'installèrent au parc Borély, à la Valentine, à la Barasse. Les Russes, eux, campèrent à l’Estaque et aux Aygalades. Au total, outre les troupes françaises, près de 4 millions d’hommes de toutes origines transitèrent alors par Marseille.
 

Les hôpitaux

En plus des structures préexistantes, une soixantaine d’hôpitaux de taille variable (d’une vingtaine de lits à plusieurs centaines) fut créée, y compris des navires-hôpitaux.
D'autre part, des progrès spectaculaires furent observés dans les techniques chirurgicales : Marseille devint un pôle majeur en chirurgie maxillo-faciale reconstructrice.
 

Les prisonniers

Le principe étant de les éloigner des zones de combat pour décourager toute tentative d'évasion, Marseille dut faire face à l’afflux d’un grand nombre de prisonniers dès l'automne 1914. Ils étaient internés à la prison militaire du fort Saint-Nicolas, au Frioul, au camp de Carpiagne. Palliant partiellement la pénurie d'ouvriers partis au front, ils étaient réquisitionnés pour des corvées de manutention sur le port, dans les gares et pour de grands travaux.
 

La solidarité et les œuvres

Dès le début de la guerre, Marseille accueillit de nombreux réfugiés : entre 10 et 20 000 personnes qu’il fallut secourir, loger, faire travailler. Le bénévolat et les œuvres, religieuses ou laïques, temporaires ou pérennes, se multiplièrent rapidement pour s’occuper, avec l’appui des pouvoirs publics, de tous ceux qu’il fallait aider : blessés, malades, permissionnaires, familles de prisonniers, veuves et orphelins, etc. : colis pour les soldats, soupes populaires, orphelinats...
 

La vie quotidienne

La guerre s’éternisant, des pénuries affectaient la vie quotidienne, dans une ville qui dépendait beaucoup de l’extérieur pour son approvisionnement. La mise en place du rationnement et d'aides diverses, tenta d'endiguer le marché noir et d'atténuer les tensions sociales. La situation des veuves de guerre et des orphelins en particulier devint parfois critique, rendant plus scandaleux le spectacle des "planqués" et des "profiteurs de guerre", cibles préférées, avec l'ennemi allemand, de la propagande.
 

Arras

Marseille, ville de l’arrière, souhaitant faire preuve de "solidarité patriotique" à l’égard des villes proches du front, aida financièrement, dès 1917 ces villes et décida en novembre 1918 de parrainer Arras, ville ravagée par les combats et les bombardements en 1914 et de juillet 1915.

 

 

Les monuments du souvenir dans la ville

  • Le Monument aux Morts des Armées d’Orient et des terres lointaines : sur la Corniche
  • Les Monuments aux Morts : dans tous les quartiers de Marseille, symboles du souvenir des soldats et du deuil des familles, sont dans l’espace public, les églises, les cimetières, les lieux privés… On retrouve encore aujourd’hui des centaines de statues de Poilus, de soldats mourants, des allégories féminines de la Victoire, des stèles monumentales, des obélisques, des colonnes, des plaques commémoratives, évoquant les noms des enfants du quartier morts dans le conflit mondial.
  • La Crypte du souvenir et des tombeaux au cimetière Saint-Pierre, des tombeaux individuels ainsi que l’arche monumentale qui donne accès à la Crypte du souvenir. L’arche est de Gaston Castel et le monument funéraire d’Eugène Sénès. C’est une crypte qui descend sur quatre niveaux, tel un puits, pour servir d’écrin aux corps de plus d’un milliers de soldats méridionaux. Elle n’est ouverte au public que dans le cadre de commémorations. Exceptionnellement fermée le 11/11/2020 en raison du contexte sanitaire. Cimetière ouvert aux familles.

 

Hommage à Jean Bouin

De nombreux sportifs sont morts pour la France pendant la Guerre de 14  : footballeurs, rugbymen, médaillés olympiques, coureurs du Tour de France… Tous les sports ont compté des disparus au cours de la Première guerre mondiale.

Parmi eux, l’athlète marseillais Jean Bouin, médaillé d’argent sur 5 000 m aux JO de 1912 à Stockholm, détenteur de sept records du monde, triple champion du monde de cross.
Mobilisé dès le 2 août 1914, sur sa notoriété, on lui propose de rester à l’arrière, comme instructeur sportif, ce qu’il refuse. Il veut être dans une unité combattante. Messager entre les lignes, il est tué le 29 septembre au cours de la bataille de la Marne. Très probablement victime d’un tir d’artillerie française mal réglé. Il avait 25 ans.

 

Les ouvrages de référence

  • Revue Marseille n°246 consacrée à Marseille et la Grande Guerre.
    Prix : 6 €. Vente en ligne : https://eservices.marseille.fr/revue-marseille
     
  • Publication 1914-1919, Le Front d'Orient. Les soldats oubliés, collection Éclairer, coédition Canopée / Ville de Marseille.
    Prix : 6 €. Vente en ligne sur les sites des librairies.
     
  • 14-18, Marseille dans la Grande Guerre Catalogue de l’exposition présentée aux Archives en 2014.
    Prix : 27 €. Vente par correspondance : dgac-archives@marseille.fr

 

À savoir 

Les Archives de Marseille conservent, outre les documents provenant des services municipaux, un fonds documentaire d’origine privée très intéressant pour reconstituer l’histoire de la Première Guerre mondiale : des carnets de guerre (118 II fonds Aimé Brunet et 153 II fonds Jean Sedan), des correspondances de guerre (83 II fonds Fléreau, 150 II fonds des familles Orset et Négro, 151 II fonds de la famille Tay, 174 II fonds de la famille Simorre), ainsi que la correspondance de Jean Norton-Cru, auteur du célèbre essai "Témoins" et le fonds Émile Gascard (146 II) sur des missions sanitaires à bord de navires-hôpitaux sur le Front d'Orient pendant la guerre de 1914-1918.

 

 

Galerie photos

© crédit photos Archives de Marseille

88 Fi 529 : carte postale reproduisant l'affiche de 4e emprunt national
121 II 27 : Jean Norton-Cru à son bureau
88 Fi 524 : le défilé des troupes russes rue Saint-Férréol
80 II NC : bouquet de violettes offert à l'infirmière de la Croix-Rouge Sabine Charles-Roux par le soldat Petit, 15 mai 1915
115 Fi 1391 : Édouard Cornet, le campement de la 16e compagnie de train sur le plateau Saint-Charles
120 II 31 : Henri Bergasse, la cagna de mon capitaine